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Être généreux pour bien manager



Avec l'approche de Noël et le retour des cadeaux, c'est le moment idéal pour réfléchir à la manière dont les managers peuvent cultiver la générosité.


C’est le moyen d’ouvrir la porte à de la satisfaction, du lien, de la coopération, un esprit d’équipe, de l’engagement et en conséquence œuvrer vraiment au bien-être au travail en créant une culture de réciprocité et d’émotions.



Baser "la générosité" sur la relation contractuelle est un leurre.


Si " par nature et par principe, un contrat marque une volonté de mettre de la certitude dans l’échange, d’éviter les manquements de l’autre et de fonctionner selon la règle de l’équilibre et de l’équivalence, pour que nul ne soit lésé." ( Laetitia Pihel), donner trop d'importance au contrat pour attendre de l'engagement amène à se méprendre sur les mécanismes en jeu.


Le salaire, rétribution contractuelle du « don » du temps et du travail d'un collaborateur, ne suffit pas. J’en ai la conviction.


La notoriété de l’entreprise et le super « sexy » poste qui portera la carrière ne suffisent pas, non plus. Étant donné le nombre de coachings que j’ai réalisé auprès de ce type de super profils, j’en ai vraiment la conviction.


L'histoire de Pascale


Il y a quelques années, j’avais une amie dont je trouvais les propos un peu excessifs peut-être parce que je n’ai jamais vécu un poste de cette manière (par décision et/ ou chance).


Elle n’aimait pas son travail surtout parce qu’elle avait l'impression de naviguer au milieu d’une « comédie humaine » offrant trop d’aberrations et de non-sens, menait par un manager qu’elle ne validait pas, partial, misogyne, et manquant de courage et de pertinence.


Cela se jouait dans les détails : le choix des horaires, les petites décisions, les remarques du quotidien, les privilèges de certains, des incohérences etc....


Elle me disait : je lui donne mon temps, tous les jours, j’offre mes 8 heures, pourquoi ? Pour recevoir quoi ? Son salaire ne suffisait pas. Les mois passaient et elle vivait de plus en plus mal son travail.


L'histoire de Marc


Je coachais récemment un cadre, qui avait un poste-clé, avec des enjeux financiers, légaux et internationaux.

  • 2 ans qu’il réclamait l’ouverture d’un poste complémentaire pour aider son département à faire face.

  • 2 ans qu’il fournissait sans compter son temps, son énergie (+ de 70 heures par semaine), son sens des responsabilités (associé à la crainte permanente de passer à côté d’un sujet qui mettrait à mal son entreprise).

  • 2 ans qu’il offrait de « sa vie » : il était au bord du burn-out.

Après plusieurs séances et une réflexion sur son rôle dans cette histoire (on joue tous), il a rééquilibré ce qu’il donnait et ce qu’il allait s’accorder à court terme et à moyen terme.


Dans ces deux exemples, chacun avait la perception d'un déséquilibre complet entre ce qu'il donnait et ce qu'il recevait.


Etre généreux passe par de nombreuses "petites choses" …

Et manager passe par cultiver sa capacité à donner et offrir des informations, du temps, du soutien …, des ressources matérielles…, de la valeur et une réelle place !


 

Donner, c’est reconnaitre


Donner : c’est prendre l’initiative de l’échange en intégrant le principe qu’on n’est jamais quitte. On lance un cycle qui sert à créer et maintenir des liens.

Il s’agit d'entrer dans un cycle continu pour…

  • Offrir la chance d’un rendez-vous pour un recrutement

  • Offrir l’opportunité d’un job

  • Offrir de son temps

  • Offrir un sourire

  • Offrir une réelle écoute

  • Offrir un savoir

  • Donner des compétences

  • Dire, parce cela peut aussi être offrir !


Notre communication, nos paroles, nos silences, les informations, les savoirs que l'on partage peuvent être un cadeau. Cela passe, entre autres, par une culture du feedback si essentielle en entreprise. En étant attentif en continu à maintenir le cycle selon les besoins et le contexte.


C’est pour cela que c’est très souvent, un axe de développement demandé par nos clients lors de formations et de coachings.



 

L’efficacité du management passe par le don et le contre-don


Finalement, au sein des entreprises, en parlant de générosité, on aborde quelque chose de plus profond qui s’appuie sur le don et le contre-don, théorie élaborée par Marcel Mauss, qui structure une relation de coopération selon le cycle : donner, recevoir et rendre auquel s'ajoute également le temps de la demande (Alain Caillé).


Cette perspective permet de ne pas se limiter à une dialectique du « donnant-donnant », en proposant quelque chose de plus vivant et de plus puissant.



" L’efficacité du management repose sur ces dimensions archaïques, universelles et pragmatiques : celles des dons et contre-dons."
Norbert Alter, Donner et prendre, la coopération en entreprise

Ce cycle se fonde sur différents principes :

  • Donner créer un lien spirituel entre les êtres

  • Donner engage le donateur et le donataire dans une relation de réciprocité

  • Le don / contre-don inclut l’obligation de demander, de rendre et de donner à son tour

  • Il y obligation à recevoir « les cadeaux » : refuser, c’est rejeter l’alliance et la communication

  • La valeur matérielle a peu d’importance

  • Il y a une inégalité alternée : des déséquilibres entre ce qui est donné (le don) et ce qui est rendu (le contre-don) parce que "tout" n'est pas quantifiable et passe par la confiance et le long terme.



 


Donner, c’est montrer son implication dans la relation.


Il y a une dimension émotionnelle dans la générosité. On la ressent quand elle est là. Elle se joue au-delà des actes. Pour un « même » comportement, on sentira l’intention.

L’individu est compris comme inséparable de ce qu’il donne et met en jeu dans la relation. […] L’espace d’échange fonctionne sur une mise en mouvement dynamique de dimensions affectives, identitaires, symboliques, relationnelles, ou encore sociales inséparables pour comprendre la réalité de ce qui se joue dans une relation.
Laetitia Pihel , Don et contre-don

Même s’il est important de préciser qu’il n’y a pas de « don gratuit » : le plus altruiste a une finalité qu'elle soit symbolique, affective et/ou matérielle.


Le don porte un élan qui va au-delà de l’intérêt personnel pour apporter à l'autre. L’investissement n’est pas réalisé uniquement pour obtenir quelque chose en échange. Il peut y avoir un retour, il ne sera pas calibré à 100%. Il pourra demander un effort, voire même du courage et de la liberté.



 

Et l’argent dans tout cela ?


La perception de la générosité passera aussi par les rétributions et du quantifiable.

Je l'ai placé en dernier, car si la politique salariale est importante, elle ne suffit pas à véhiculer la «générosité ».


Quand un sentiment de "générosité" sera-t-il perçu ?


Pour ma part, je peux partager un exemple fort que j'ai vécu en deux temps lorsque je travaillais chez Maisons du Monde et que le fondateur, Xavier Marie, a décidé d'associer un groupe restreint de salariés dans un premier temps, puis un groupe plus large quelques années plus tard, à la création de valeur dans son entreprise, par le biais d'un LBO.


À mon avis, mon salaire n'était pas une forme de « générosité », il correspondait à mon niveau de responsabilité. Offrir une prime qui nous permettrait de récupérer de la valeur créée n'était pas "obligatoire" et, en ce sens, généreux, car cela impliquait un sens du partage, de la réciprocité, et nous conférait de la place.


La générosité n’est-elle pas combinée avec le fait d’accorder « ce qui n’est pas nécessaire et obligatoire » et porte un effort à faire ?


  • Une prime non prévue et qui fait « perdre » une partie de son bénéfice net pour une petite entreprise ?

  • Un partage collectif d'une partie des bénéfices ?

  • Abandonner un jour de congé payé au profit d'un collègue ?

  • Donner une journée de travail à une association caritative ?

  • Passer 2 heures au lieu d'une, car c'est vraiment utile pour une autre personne ou au projet sans vouloir récupérer son temps ?


 

Les limites à intégrer


Il ne s’agit pas de « tout » donner.

  • Au risque de s’épuiser,

  • Au risque de prendre toute la place,

  • Au risque de déresponsabiliser,

  • Au risque de rendre les autres débiteurs,

  • Au risque de se retrouver dans des relations toxiques ...


Apprendre à être généreux passe aussi par apprendre à doser.


Être généreux, c'est aussi apprendre à être modéré, faire preuve d'une lucidité en ayant à l'esprit un cadre et connaitre ses limites.


Cela passe aussi par accepter le risque que ses interlocuteurs ne soient que dans le « prendre » et/ou aient une tout autre vision du "don".


Et de garder en conscience que sa générosité pourra être interprétée comme étant calculée, intéressée et perdre ainsi en valeur vis à vis d'autrui.


À mon avis, cela doit se faire dans un mouvement circulaire, une sorte de spirale vertueuse réciproque, claire et réévaluer régulièrement.


Pour certaines personnes, cela passera aussi et nécessairement par apprendre à demander, apprendre à dire non.


Pour d'autres, le plus grand défi sera d'apprendre à recevoir en retour (vous savez... ceux qui n'ont pas appris et ont l'habitude de ne jamais rien attendre ni rien demander).

Et d’accepter aussi à certains moments, on ne le sera pas !



 


Il est pas toujours facile ou utile d’être généreux : on peut avoir peur d’y perdre, à tort ou à raison


La générosité nous élève vers les autres, pourrait-on dire, et vers nous-mêmes en tant que libérés de notre petit moi. Celui qui ne serait pas du tout généreux, la langue nous avertit qu’il serait bas, lâche, mesquin, vil, avare, cupide, égoïste, sordide… Et nous le sommes tous, mais toutefois pas toujours ni complètement : la générosité est ce qui nous en sépare ou, parfois, nous en libère.
André Comte Sponville, petit traité des grandes vertus

À plusieurs reprises dans « l’univers impitoyable 😜» des coachs, formateurs, consultants, j’ai rencontré des personnes qui cherchaient à renforcer la collaboration avec moi et j’ai pu avoir la perception que ces personnes seraient très à l’aise pour prendre…. et très à l’aise pour doser ce qu’elles allaient donner.

(tout comme j'ai surement donné cette impression à certains !)


À tort ou à raison, j’ai volontairement limité ou refusé la relation. Je n'ai pas été dans le don. J'ai fermé la porte.


On n’est pas toujours généreux ou on peut faire preuve d’une générosité très ciblée. Et c’est OK.


L’enjeu est de gagner en conscience sur nos propres choix et façon de faire pour cultiver notre générosité en gardant à l'esprit que cela reste imparfait, ambigu et complexe.


Le gout du pouvoir, la compétition et cie… (nous en parlerons dans d’autres articles) colorent aussi nos comportements. Le besoin de sécurité également.


 

Cultiver la générosité passe par des actes


Alors les premières questions à se poser sont à mettre en lien avec nos actes et ce qui nous vivons au quotidien.

Les possibilités de dons et contre-dons sont nombreuses. Voici quelques pistes.


Auto-diagnostic de mon rapport à la générosité



Moi vis à vis des autres

Je donne

​​Auto-évaluation de 1 à 5

1: 👎 ...5 : 👍

Comment je le sais ? Concrètement, quels sont mes comportements en ce sens ?

De la place à chacun

Du soutien

De l'écoute

Du temps

De l'énergie

Des informations : demandes claires, feedback, remerciements, savoirs utiles...

Des ressources

Des compétences

De l'argent (politique salariale)

Des cadeaux


​​Les autres vis-à-vis de moi

Je reçois

​​Auto-évaluation de 1 à 5

1: 👎 ...5 : 👍

Comment je le sais ? Concrètement, quels sont les actions qui le traduisent ?

De la place

De l'écoute

Du temps

De l'énergie

Des informations : demandes claires, feedback, remerciements, savoirs utiles...

Des ressources

Des compétences

De l'argent (politique salariale)

Des cadeaux



Moi vis-à-vis de moi


Cerise sur le gâteau 🍒

Donner, passe aussi par se donner à soi surtout si on a tendance à fonctionner dans le "faire plaisir".

Je me donne

​​Auto-évaluation de 1 à 5

1: 👎 ...5 : 👍

Comment je le sais ? Concrètement, comment je m'y prend ?

De la place

De l'écoute

Du temps

De la liberté

Ce qu'il m'est utile pour avoir de l'énergie

De la réflexivité pour gagner en "informations"

Des moments pour apprendre, m'enrichir

Des cadeaux

Que ressort-il ?

Sans chercher l'idéal, quelle serait la petite action

qui permettrait de cultiver votre générosité ?



Article écrit par Laurence Gilly

Professionnel du coaching en entreprise depuis des années, c'est avec expérience et bienveillance que Laurence Gilly développe ses méthodes d'accompagnement pour les professionnels. Envie d'en apprendre plus sur notre fondatrice ? C'est ici.




Pour aller plus loin 🚗


Vous pensez qu'il serait utile de renforcer une "culture" de la générosité au sein de votre entreprise ?

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Proposez un parcours de coaching implémenté à vos équipes en individuel ou en équipe afin de gagner en impact et de prendre les bonnes habitudes dans la durée ! L'objectif est simple, vous faire réussir et vous aider à développer les capacités de savoir demander, donner, recevoir, et rendre.


Vous souhaitez en savoir plus ?

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Ressources autour du sujet




La révolution du don, le management repensé à la lumière de l'anthropologie



AlterNego offre une série de vidéos en lien avec l'importance du don en entreprise.


En voici quelques unes que je vous recommande.













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